Abstract: Durant de nombreuses années, les enfants de familles touchées par l’alcoolodépendance ont été à peine pris en considération dans la recherche scientifique, et, en raison du manque de discours sur leur situation, le grand public était également peu conscient du problème. En 1969 pourtant, Cork rapportait dans “The forgotten children” divers symptômes frappants qui étaient apparus chez ces enfants. A la fin des années 80, des auteurs tels que Black (1988), Wegscheider (1988) et Lambrou (1990) ont formulé pour la première fois des modèles théoriques pour l’alcoolisme en tant que maladie familiale. Ils décrivent comment l’alcoolisme de l’un ou des deux parents confère à l’alcool une place centrale dans la famille, de quelle manière cela influence l’ambiance à la maison, et quels sont les effets de cette situation sur les enfants et leur vie quotidienne. Alarmés par ces premières publications scientifiques, les spécialistes ont pris conscience de la nécessité de pousser plus loin la recherche et de fournir une aide pratique aux enfants. C’est dans ce contexte que s’est formée en 1983, aux Etats-Unis, la “National Association for children of alcoholics” (NACoA). Cette organisation a pour but de s’investir dans les intérêts d’enfants dont la famille est touchée par l’alcoolisme ou d’autres formes d’addiction. La NACoA (entre-temps aussi implantée en Grande-Bretagne et en Allemagne) s’est donné pour mission d’attirer l’attention du grand public sur ces enfants grâce à une meilleure information et d’évoquer la dépendance en tant que maladie familiale. En Europe, le « European Network for Children Affected by Risky Environments within the Family » (ENCARE) a été fondé en 2002 dans le but de lancer le débat sur la problématique des enfants de familles touchées par une addiction, de stimuler la recherche sur ce thème et de former un réseau de spécialistes. Actuellement, des institutions de 23 pays européens sont représentées dans ENCARE et il existe des réseaux régionaux au niveau national. Grâce à la sensibilisation du monde professionnel et dans le cadre des réseaux nouvellement créés, le nombre de spécialistes qui s’occupent de ces enfants a augmenté, en Suisse comme dans les pays voisins. Depuis quelques années, on dispose également d’expériences pratiques liées aux interventions et aux traitements, bien qu’elles ne soient que ponctuelles et disponibles dans un nombre limité de cantons.