Abstract: Il est nécessaire de procéder à un état des lieux de la toxicomanie et des dépendances à Paris avant de proposer un plan d’actions. Toutefois un état des lieux objectif est délicat à réaliser puisque, par nature, la consommation de drogues illicites est un phénomène souterrain dont la connaissance ne peut être que partielle. Quant aux substances psychoactives légales (alcool, tabac, médicaments...), leur consommation fait souvent l’objet de discours de relativisation, voire de déni. En outre, la dimension parisienne rend l’entreprise de repérage particulièrement ardue. Dans ces conditions, l’état des lieux ne peut être fondé que sur des indicateurs indirects, comportant des biais non négligeables. Le ressenti des acteurs de la prévention peut aider à compléter l’analyse. La prévention de la toxicomanie et des dépendances ne peut se limiter à un simple objectif de baisse de la consommation globale ; elle doit également viser la réduction des risques. Dans ces conditions, la politique de prévention menée à Paris doit s’apprécier au regard des quatre objectifs suivants : – Prévenir la première consommation de substances psycho-actives : des effets dommageables sur la santé du consommateur peuvent en effet se faire sentir dès la première consommation, notamment dans la mesure où la composition de nombreuses substances en circulation est inconnue ; – Agir sur les consommations précoces ; la plupart des enquêtes font clairement apparaître que plus la consommation est précoce, plus le jeune présentera de risques d’entrer dans une consommation à problèmes, – Éviter, lorsque la consommation existe, le passage de l’usage occasionnel à l’usage nocif et à la dépendance ; – Enfin, réduire les risques sanitaires et sociaux liés à la consommation de produits. Le programme départemental de prévention de la toxicomanie et des dépendances doit se donner pour objectif de remédier aux faiblesses repérées dans l’état des lieux initial. Cette tâche n’a rien de simple dans un contexte où l’usage de certains produits comme le cannabis tend à s’étendre et à se banaliser, tandis que l’idée de la possible dépénalisation de son usage se répand, accréditant du même coup l’idée qu’il s’agit d’une “drogue douce” dont la consommation ne peut être qu’anodine. Le programme départemental de prévention doit également établir des priorités d’actions et de publics visés et il peut se décliner en quatre grands objectifs : – parvenir à une meilleure connaissance de la toxicomanie et des dépendances à Paris ; – organiser et conforter le réseau des intervenants ; – organiser des actions de prévention générale adaptées et orientées principalement vers les jeunes et les personnes ressources prioritaires ; – favoriser la détection précoce et se donner les moyens d’une réponse efficace.

Abstract: Le rapport d’enquête qualitative « Les habitués du cannabis » a été conduit conjointement par l’OFDT et le Groupe de recherche sur la vulnérabilité sociale (GRVS). À partir de l’analyse d’entretiens approfondis réalisés en face à face avec 70 usagers réguliers de cannabis, l’étude propose une description et une analyse des pratiques et des conséquences de l’usage régulier selon le discours des usagers eux-mêmes. L’objectif est de mieux comprendre la place du cannabis dans leur vie quotidienne, en se focalisant particulièrement sur les motivations de l’usage, les carrières de consommation, les stratégies de gestion de l’usage qui permettent de concilier la pratique avec leurs contraintes personnelles et sociales et leur perception des conséquences sociales et sanitaires de la pratique. Le rapport permet entre autres de mettre en valeur une minimisation des risques sociaux et psychologiques de l’usage et dans le même temps une inquiétude non négligeable vis-à-vis des conséquences somatiques comme les risques pulmonaires et respiratoires. L’enquête de terrain, qui s’est déroulée en 2005, a également interrogé les usagers sur leur perception de la campagne de prévention « Le cannabis est une réalité », sur la politique de prévention des risques routiers liés au cannabis et sur la mise en place, des « consultations cannabis ».