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Abstract |
A-t-on réellement tout envisagé face à la toxicomanie ? Arte nous rappelle que le chemin à suivre est encore long. Le débat est on ne peut plus d’actualité, que ce soit au Parlement belge – sous la forme d’un groupe de travail attelé à la tâche depuis ce début d’année – ou sur les (bonnes) ondes d’Arte, lesquelles nous proposent ce soir une «Théma» entièrement consacrée au sujet : «Toxicomanie : proscrire ou prescrire ?». Posons la question plus simplement encore : Guerre à la drogue : stop ou encore ? Pendant plus de quatre heures, la chaîne franco-allemande nous emmènera dans les méandres de la toxicomanie, que ce soit à la prison française pour femmes de Fleury-Mérogis («Galères de femmes»), dans les structures d’accueil pour toxicomanes de France, Suisse et Grande-Bretagne («Toxicos sous ordonnance»), aux alentours de la gare de Francfort et, de manière générale, dans le coeur urbain de la cité du livre («Francfort : toxi-cité»), enfin dans un village italien entièrement dévolu aux ex-toxicomanes («San Patrignano : le village des toxicos»). On l’admettra sans peine, le titre générique de cette «Théma» est fort mal choisi : en matière de toxicomanie, il n’y a pas opposition entre les prescrits répressifs de la loi et ceux de l’art de guérir, et nos sociétés ne se trouvent pas devant le dilemme d’un «proscrire ou prescrire». L’un et l’autre sont sans doute complémentaires. Mais le documentaire «Toxicos sous ordonnance» donne au moins à cette méprise une explication culturelle : comme nous le fait redécouvrir l’enquête de Stéphane Le Gall Viliker et Marie-Dominique Dhesling, la France a adopté en matière de suivi des toxicomanes (et en matière de drogue en général) l’une des positions les plus rétrogrades du bloc européen. En conséquence, on peut comprendre qu’Arte mette un point d’honneur à souligner avant toute chose ce décalage national, et à sortir l’Hexagone d’une analyse strictement répressive. Le «proscrire ou prescrire ?» doit donc aussi s’interpréter sous la forme d’un : «Et si la France essayait autre chose que les tribunaux ?». Mais, passé ce constat français de carence, l’analyse d’Arte prend réellement valeur européenne. D’ailleurs, la Belgique a-t-elle vraiment à se vanter de sa politique ? Des épidémiologistes des deux communautés linguistiques n’ont-ils pas expliqué à nos parlementaires, il y a moins de quinze jours, que nous ne disposions d’aucun renseignement chiffré et précis quant à la population nationale de toxicomanes ? On retiendra ainsi les enseignements de «Francfort : toxi-cité», le documentaire de Peter Bach, programmé à une heure encore raisonnable. Ce reportage de cinquante minutes est un modèle du genre, abordant sans lourdeur une série de facettes distinctes du problème, facettes qui, par leur juxtaposition, éclairent les grands équilibres du problème. Aucun aspect n’est réellement épuisé par ce reportage, c’est vrai. Mais on comprend mieux toute l’ambiguïté d’une «guerre à la drogue» qui reste malgré tout d’actualité, lorsqu’elle doit se doubler de soutiens thérapeutiques aux toxicomanes. Des soutiens qui ne peuvent être trop importants, précisent les Allemands, sous peine de déresponsabiliser les toxicomanes. Comment équilibrer notre réponse aux toxicomanies pour ne pas aggraver la dépendance des «handicapés sociaux» que sont déjà les toxicomanes ? Comment rassurer les commerçants du centre d’une agglomération qui, récession explique, ont tendance à accuser les « drogués» d’affecter les chiffres d’affaires par leur seule présence, alors que toute industrie est victime des mêmes aléas ? Et comment ne pas être tenté d’évacuer le centre-ville pour rejeter hors agglomération nos toxicomanes et alcooliques, déplacant ainsi un problème au lieu de le traiter ? |
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